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Détours argentins

Détours argentins
  • Etudiants sur Grenoble. Nous mettons à profit notre séjour académique à Buenos Aires pour ré-ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure. Que vos témoignages viennent étoffer ces regards naïfs que nous portons sur ce pays merveilleux qu'est l'Argentine.
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30 juillet 2010

Commémoration de la mort d'Eva Péron.

Quoi de mieux qu'une marche en l'honneur d'Eva Peron pour s'immerger au cœur de la politique argentine des 60 dernières années ? Difficile de s'imaginer en France des dizaines de milliers de personnes venues rendre hommage à une personnalité politique morte depuis maintenant 58 ans, sans que ne résonnent les cris d'orfraie dénonçant telle récupération politicienne ou telle manœuvre populiste. Et pourtant. Si les responsables syndicaux et l'ancien président de la république argentine, Nestor Kirchner, étaient présents pour se réclamer de son héritage, une vraie ferveur populaire s'extirpait de cette froide fin d'après-midi. Des « porteños » (habitants de Buenos Aires) de tous âges et de toutes conditions s'étaient réunies pour montrer leur attachement à « la porte drapeau des humbles ». Plus que la péroniste, cette dénomination ne pouvant d'ailleurs rien exprimer de très concret, c'est la protectrice des pauvres et des travailleurs, la féministe, l'épouse loyale et la patriote qu'ils sont venus acclamer. La profondeur des réformes sociales qu'elle a appuyé, parmi lesquelles l'octroi du droit de vote aux femmes, et le rôle de sa fondation et du parti féministe péroniste qu'elle a crée, expliquent en partie cet engouement. « Evita » est une allégorie, un rêve, un idéal, un espoir qu'un jour la société argentine soit plus juste et plus égalitaire. Les mots sont parfois insuffisants ou trompeurs lorsqu'il s'agit de traduire les passions en signes, laissons donc parler les images (voir ci-dessus). Au coucher du soleil, environ 60000 personnes ont allumé flambeaux et bougies, avant de se retrouver devant le siège de la CGT argentine. A 20h25, heure de la mort d'Eva Perón 58 ans plus tôt, les hommes politiques et la foule ont observé une minute de silence. Nestor Kirchner en a profité pour rappeler que le mandat de son épouse, Cristina Kirchner, poursuivait l'objectif de rendre la société Argentine « la plus égalitaire d'Amérique Latine » en « améliorant la santé publique », en « approfondissant le système éducatif » et en « consolidant l'industrie nationale publique ». Il s'est alors clairement prononcé en faveur des deux leitmotivs hivernaux de la gauche argentine, à savoir atteindre le « 50-50 » dans la répartition des richesses entre le capital et le travail (en France, et bien qu'en baisse depuis 20 ans, la part de la masse salariale dans la valeur ajoutée des entreprises est nettement plus élevée, à hauteur de 65%) et assurer un « minimum vieillesse » à hauteur de 82 % du salaire minimum à tous les argentins. Et pour finir, deux témoignages pris à la volée : Eduardo, tanneur cinquantenaire et bénévole dans une association de soutien aux enfants pauvres : « Cristina Kirchner n'a rien d'une Eva Peron, c'est une traitre vendue au grand capitalisme » Nicola's, étudiant de 20 ans en sciences politiques à l'université de Buenos Aires et membre d'une association de soutien à Eva Peron, une main sur le coeur : « Eva est la plus grande combattante sociale de notre pays. On peut la comparer au Che, elle a lutté contre la bourgeoisie et le capitalisme, pour les pauvres et les sans-droits. Elle est notre exemple et guide nos pas, nous devons répéter ce qu'elle a fait et aller au-delà. »
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